[REPORTAGE: Article,Photo,Vidéo] – Atelier National de la plateforme multi-acteurs sur la gouvernance foncière :

L’atelier national de la plateforme multi acteurs de la gouvernance foncière, organisé par IPAR Mauritanie, en collaboration avec la FAO et le ministère de l’Économie et des Finances, s’est tenu les 26 et 27 Novembre 2024 à Nouakchott Hôtel. Cet événement a réuni une variété d’acteurs essentiels, y compris des représentants des autorités publiques, du secteur privé, des communautés agraires et pastorales, ainsi que des organisations de la société civile. L’objectif principal était de renforcer les capacités des participants sur la gouvernance foncière des terres pastorales, d’améliorer un outil d’analyse des cadres réglementaires liés au pastoralisme, et de consolider une plateforme multi-acteurs dédiée à la gestion foncière durable des terres.

Ouverture officielle

L’atelier a débuté par une ouverture officielle marquée par un mot introductif de M. Abderrahmane NDONGO, directeur Pays d’IPAR Mauritanie, qui a souligné l’importance de la plateforme multi-acteurs soutenue par la FAO pour faciliter la concertation sur les enjeux fonciers à l’échelle nationale et internationale. Dans son allocution, Dr Mohamed Ould Baba Ould Gueya, chargé de mission au Ministère de l’Élevage, a souligné l’importance de l’atelier, en précisant qu’il offrirait aux participants l’occasion d’évaluer les progrès réalisés sur les questions foncières et de discuter des moyens de dynamiser la plateforme. M. Bal Mohamed Fadel, Conseiller Technique au Ministère de l’Économie et des Finances, a remercié la FAO pour son soutien continu, en soulignant l’importance des consultations et des échanges entre les acteurs de la plateforme. Il a rappelé que cet atelier se déroule dans un contexte de progrès législatifs, notamment avec l’adoption du décret n° 181-2024, qui établit les attributions du ministère des Domaines, du Patrimoine de l’État et de la Réforme foncière, un pas significatif pour la gestion foncière en Mauritanie. M. Fadel a également précisé que la création d’un guichet unique pour le suivi et l’accompagnement des politiques foncières représente un développement majeur du gouvernement, avant de conclure en encourageant la concertation pour relever ce défi. Enfin, M. Alexandre Huynh, représentant de la FAO en Mauritanie, a salué la création de la plateforme multi-acteurs, affirmant qu’elle s’inscrit dans la volonté du gouvernement mauritanien de promouvoir un régime foncier plus inclusif.

Présentations

Les travaux de l’atelier ont débuté avec une présentation de Damieux Coline, spécialiste foncière à la FAO, qui a rappelé le contexte de l’atelier et expliqué les objectifs et les principes de la plateforme multi-acteurs, créée en 2017 et redynamisée en 2023 avec plusieurs ateliers. Elle a précisé le rôle de la plateforme en termes de coordination, de plaidoyer et de réflexion sur les problématiques foncières.

Mohamed El Moctar El, président de l’ONG ODZASAM, a souligné les défis économiques du pastoralisme en Mauritanie, mettant en avant l’importance cruciale de la transhumance et de la mobilité des éleveurs pour l’alimentation du bétail. Il a insisté sur la nécessité de renforcer les capacités des Comités Régionaux de Transhumance (CRT), qui jouent un rôle clé dans la gestion de cette activité. Selon lui, les CRT sont essentiels pour résoudre les problèmes liés à la transhumance, car ils apportent une valeur ajoutée significative dans la régulation de cette pratique, notamment en réduisant les coûts d’achat de compléments alimentaires pour le bétail. Il a également rappelé l’importance de finaliser la création du Comité National de Transhumance (CNT), qui pourrait permettre une reconnaissance officielle de la transhumance au niveau national, tout en favorisant la coopération transfrontalière. Selon M. El Moctar, il est crucial d’investir davantage dans les CRT pour soutenir l’émergence du CNT et améliorer la gouvernance du pastoralisme, à la fois sur le plan environnemental, social et économique.

Isselmou Abdelkader, président intérimaire du Comité National pour la Mise en Valeur Optimale du Patrimoine Foncier en Mauritanie, a présenté les enjeux de la gouvernance foncière, en insistant sur l’importance d’une approche technique et politique pour une gestion foncière efficace. Il a identifié la gouvernance foncière comme la principale contrainte, soulignant que, bien que les communautés agraires ne soient pas opposées à partager leurs terres pour nourrir leurs concitoyens, il est crucial d’adopter des méthodes appropriées. Le comité, a-t-il expliqué, a été créé pour faciliter les relations entre les communautés agraires et l’État, tout en favorisant une meilleure interaction entre les populations allochtones et autochtones. Il a également abordé les dynamiques complexes liées à la migration des populations du Nord vers la vallée du fleuve, créant des pressions supplémentaires sur les terres.

Les travaux ont également permis de discuter des lacunes juridiques et des obstacles à la mise en œuvre des politiques foncières, avec une présentation par Elom Kossi, stagiaire au CIRAD, sur les outils d’évaluation des cadres législatifs et politiques régissant le pastoralisme. L’un des enjeux majeurs identifiés lors de l’atelier a été la nécessité de combler les vides juridiques et de renforcer l’application des lois existantes.

Abderrahmane Ndongo, le directeur pays de IPAR Mauritanie, a présenté en détail la convention entre la FAO et l’IPAR. Cette convention confie à l’IPAR la gestion du secrétariat de la plateforme, un rôle justifié par son expertise reconnue dans l’animation de plateformes thématiques, comme celle dédiée aux questions foncières qu’elle pilote avec succès au Sénégal. Sa présentation a également été l’occasion de revisiter la feuille de route élaborée lors du précédent atelier, en insistant sur sa mise en œuvre concrète. Le débat qui a suivi a permis de clarifier les activités prévues dans le cadre du protocole FAO-IPAR, mettant en lumière les étapes stratégiques nécessaires pour garantir l’efficacité et la pérennité de la plateforme.

 

Travaux de groupes

Les travaux de groupe ont été un moment clé de l’atelier, permettant aux participants de s’impliquer activement dans des réflexions approfondies sur des enjeux cruciaux pour la gestion des terres pastorales en Mauritanie. Le premier groupe a axé ses discussions sur l’amélioration de la plateforme de gouvernance foncière, en apportant des recommandations concrètes pour son fonctionnement optimal et sa pérennité. Les participants ont mis en lumière des stratégies pour rendre la plateforme plus accessible et durable, tout en garantissant une meilleure prise en compte des réalités locales. Le deuxième groupe a focalisé ses efforts sur les plateformes locales, mettant l’accent sur l’inclusion des femmes et des jeunes, en proposant des actions spécifiques pour renforcer leur participation dans les processus décisionnels relatifs à la gestion des terres. Enfin, le troisième groupe a identifié les thèmes prioritaires pour l’outil de gouvernance foncière en Mauritanie, en soulignant les enjeux les plus pressants à traiter pour adapter les politiques foncières aux besoins des communautés locales. Ces travaux ont abouti à des recommandations stratégiques, favorisant une approche inclusive et adaptée aux réalités spécifiques du terrain.

Contributions des Acteurs et Recommandations Clés

Les discussions ont permis de faire émerger de nombreuses recommandations pratiques, notamment sur l’amélioration de l’outil d’analyse foncière. Les participants ont exprimé le besoin d’une base de données juridiques exhaustive, intégrant les textes législatifs relatifs au pastoralisme, et d’une meilleure prise en compte des spécificités des zones pastorales dans les politiques foncières.

Les thématiques prioritaires pour lesquelles l’outil pourrait être une aide incluent la gouvernance durable des pâturages, la prévention et la gestion des conflits liés à l’usage des terres, la mobilité transfrontalière et interne, la santé animale, ainsi que la valorisation des produits animaux. Les participants ont également mis l’accent sur les défis posés par la non-application et la méconnaissance des lois, appelant à une meilleure sensibilisation et un accompagnement des parties prenantes pour garantir une gestion agropastorale efficace et durable.

La plateforme multi-acteurs, qui regroupe divers acteurs gouvernementaux, organisations internationales et sociétés civiles, a été au centre des échanges. Un consensus a émergé sur la nécessité d’une plateforme unique pour traiter les problématiques foncières, qu’elles soient agricoles ou pastorales. Les acteurs ont souligné l’importance de la proactivité de cette plateforme, et un appel a été lancé pour son élargissement à de nouveaux partenaires, afin de renforcer sa capacité d’action.

Les discussions ont également mis l’accent sur l’inclusion des femmes et des jeunes dans les processus de décision liés à la gestion foncière. Il a été proposé d’introduire des quotas pour les femmes dans les grands périmètres irrigués afin de garantir leur participation active. Les échanges ont souligné que le rôle des femmes varie selon les communautés. Cependant, les droits fonciers restent inégalement répartis entre les différentes communautés. L’autonomisation des femmes a été identifiée comme une priorité nécessitant des politiques publiques adaptées pour corriger ces disparités et renforcer leur implication dans la gestion durable des terres.

Clôture et Perspectives

L’atelier s’est conclu par une intervention de M. Bal Mohamed Fadel, qui a salué la forte mobilisation des acteurs et l’intérêt suscité par les discussions. Il a insisté sur la nécessité de répartir clairement les tâches et de définir un calendrier précis pour les actions à venir. L’intégration de l’élevage dans tous les comités et l’élargissement de la plateforme à d’autres partenaires ont été recommandés, tout comme la mise en place d’activités liées à la culture fourragère et à la capitalisation des acquis pour faciliter la compréhension des activités de la plateforme.

CONCLUSION : Un Pas Décisif pour l'Avenir du Pastoralisme en Mauritanie

Cet atelier, en réunissant divers acteurs autour des enjeux fonciers du pastoralisme, a permis de poser les bases d’une gouvernance foncière plus inclusive et plus adaptée aux réalités du terrain. Les discussions ont mis en lumière les défis liés à la gestion des terres pastorales et ont permis de formuler des recommandations concrètes pour améliorer le cadre législatif et institutionnel du pastoralisme en Mauritanie. La plateforme multi-acteurs représente un espace d’échange précieux, et son renforcement est essentiel pour assurer la durabilité et l’efficacité des politiques foncières dans le pays.

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