A Lebeyir, dans le Hodh El Chargui, une quarantaine d’habitants ont bénéficié d’une formation sur la protection des cultures vivrières dans le cadre de la Composante Recherche et Formation (R&F) du programme RIMRAP. Durant cette formation, ils ont bénéficié d’un module pratique sur la lutte biologique. Les techniques de ces pesticides bio ont été réalisées et testées en laboratoire à l’ISET dans le cadre du volet Recherche de la Composante.
Grâce à cette formation sur la protection des cultures vivrières, les bénéficiaires de Lebeyir ont désormais des acquis pour protéger leurs cultures en milieu pluvial. Cela inclut de connaitre les risques liés aux ennemies de culture, de savoir évaluer le niveau d’infestation sur leurs champs et de savoir choisir et appliquer les méthodes de lutte les plus appropriées. Les bénéficiaires ont été ciblés avec l’appui du Consortium du RIMRAP dans le Hodh El Chargui.
La formation a été effectuée par deux formateurs régionaux relais de Nema, qui sont parmi les techniciens formés sur ce module par la Composante R&F. Deux formateurs principaux de l’ENFVA étaient présents en appui.
Durant les travaux pratiques dans les champs, les bénéficiaires ont appris à reconnaitre les symptômes qui signalent l’apparition d’un ennemi et son cycle de vie, « par exemple, ils ne connaissaient pas les différents stades de la vie d’un papillon, qu’il est larve avant l’âge adulte » selon l’un des formateurs. Donc, il est important qu’ils maitrisent d’abord les types d’ennemis qui existent selon les espèces de culture et les méthodes de protection.
D’après Mohamed Lemine, agriculteur à Lebeyir, la formation vient à point nommé « la plupart de nos plantes sont infestées, on perd une grande partie de nos cultures sans savoir pourquoi, ni comment se battre contre ses ennemis de culture, il y a des petits insectes, des criquets et des plantes partout sur certaines plantes et on ne savait pas ce que c’était, ni quoi faire, avant cette formation. ».
Selon Nejatt, agriculture, « avec cette formation, on sait désormais comment savoir si nos plantes sont infestées. Ce n’est pas compliqué, il y a plusieurs méthodes, dont celle de faire un petit carré dans le champ on compte le nombre de feuilles infectées, on récolte le type d’insectes qui y sont pour savoir quels ennemis sont les plus fréquents ». Cet exercice permet de choisir la méthode la plus appropriée.
En bonus, les participants de Lebeyir ont bénéficié de deux sessions de formation pratique sur l’utilité, la fabrication et l’utilisation de pesticides bio sur leurs champs. Des produits qui ont un impact négligeable sur l’environnement et la santé publique.
Mr Mohamed Mohamedi, enseignant-chercheur en pathologie végétale à l’ISET de Rosso a collaboré avec la Composante R&F sur l’identification, la sélection et le test de quatre espèces de plantes pesticides bio, qui existent partout en Mauritanie. Quelles sont les plantes pesticides disponibles ? Comment les préparer ? Sur quels ennemis de culture sont-elles efficaces ? Des questions auxquelles les recherches de l’ISET ont répondu.
Mr Mohamedi est venu présenter les résultats de ces recherches aux agriculteurs de Lebeyir : « contrairement aux pesticides chimiques, les pesticides bio ne sont pas dangereux pour l’organisme ni l’environnement. Il s’agit de lutter contre l’ennemi par son ennemi. L’objectif n’est pas de décimer les insectes mais de les faire fuir, ainsi on limite les dégâts sur les cultures en les éloignant des champs des paysans » affirme-t-il. Par exemple, si un insecte mange les feuilles d’une espèce de culture mais qu’il ne supporte pas les feuilles de Neem, alors il suffit de pulvériser les feuilles de cet espèce par un liquide fait à base de poudre de feuilles de Neem et l’insecte s’enfuit.
Les agriculteurs peuvent facilement fabriquer ce biopesticide à partir de plantes recensées qui existent partout en Mauritanie. Basiquement, les étapes de fabrication peuvent être résumées ainsi : récolter les feuilles, les sécher, les broyer et les tamiser, ensuite les macérer dans de l’eau de pluie ou distillée. L’agriculteur doit laisser reposer le liquide puis le filtrer : la solution finale, avec le principe actif, et un ajout d’eau, est prête à être pulvérisée.
Les bénéficiaires de Lebeyir approchés affirment qu’ils savent désormais grâce à cette formation, comment préparer un pesticide bio à partir des plantes environnantes. « Nous allons bien sûr fabriquer ce pesticide pour nos cultures. La technique est simple. Il suffit d’une bonne combinaison entre les feuilles séchées et l’eau, et d’un vaporisateur ! Et ce n’est pas dangereux», affirme l’un d’eux. La lutte biologique est plus sécuritaire pour l’organisme et pour l’environnement.
Via ses modules, la Composante R&F contribue à l’objectif fondamental du programme qui est la résilience des agropasteurs en Mauritanie face au changement climatique. La Composante assure un renforcement des capacités continu qui répond aux besoins locaux. Pour Mr Ahmed Abdel Malik, formateur relais régional, « après avoir donné cette formation, je sais que je suis aujourd’hui totalement compétent et expert à former des agriculteurs dans ce domaine. Je peux reproduire ce module et je peux contribuer à minimiser les pertes dont sont victimes les agriculteurs ! ».
À ce jour, la Composante R&F a formé une centaine de formateurs relais sur 10 modules, et des agropasteurs des quatre wilaya. Les programmes de Recherche sont mis en œuvre, dont des champs-écoles auprès de partenaires et d’agropasteurs.
La Composante R&F, est une des cinq composantes du programme de Renforcement Institutionnel en Mauritanie vers la Résilience Agricole et Pastorale (RIMRAP). Elle est cofinancée par l’Union européenne et le Ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ). La GIZ est responsable de sa mise en œuvre.
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