L’atelier sur “L’Eau pour la Paix au Hodh Chargui” qui s’est tenu du 21 au 23 octobre 2024 au Conseil régional du Hodh El Chargui à Néma a été une occasion de réunir diverses parties prenantes pour discuter du rôle central de l’eau dans la promotion de la cohésion sociale et de la paix dans la région, surtout dans un contexte marqué par des crises humanitaires et des tensions sociales liées aux mouvements de populations. Organisé par le Conseil régional du Hodh El Chargui, l’IPAR, le CEROS, le Geneva Water Hub et l’UNHCR, cet atelier a permis d’engager une réflexion collective sur la gestion des ressources en eau dans une région qui fait face à des défis majeurs en matière de sécurisation des points d’eau et d’accès pour les communautés locales et les réfugiés.
Cérémonie d'ouverture officielle
L’atelier a démarré par une cérémonie officielle, avec plusieurs interventions marquantes. M. Mohamed Ahmed, maire de Néma, a ouvert les travaux en mettant en avant l’importance stratégique de l’eau pour la paix dans la région du Hodh El Chargui. Il a souligné le rôle crucial que joue cette ressource dans la gestion des relations sociales, particulièrement dans un contexte où l’afflux de réfugiés fuyant les conflits au Mali augmente la pression sur les ressources naturelles.
Mohamedou Ould Tijani, président du Conseil Régional de Hodh Chargui, a rappelé l’urgence de développer des solutions pour prévenir les conflits liés à l’eau, mettant en lumière l’importance de la collaboration entre toutes les parties prenantes pour éviter que la gestion de l’eau ne devienne un facteur de tension.
François Munger, représentant du Geneva Water Hub, a quant à lui mis l’accent sur l’eau comme facteur clé de coopération pour la paix, particulièrement dans les régions fragiles comme le Hodh Chargui, où les relations entre les communautés locales et les réfugiés sont déterminantes pour maintenir l’harmonie. M. Yacoub Ould Ismael, conseiller du Wali et chargé des affaires politiques et sociales, a conclu cette première session en insistant sur la nécessité d’une action concertée et urgente pour trouver des solutions durables à ces enjeux.
Un panel de lancement
Après la cérémonie d’ouverture, un panel de lancement a permis aux différents membres du consortium (Geneva Water Hub, IPAR, CEROS et le Conseil régional du Hodh El Chargui) de se présenter et de clarifier la mission du consortium dans la région. Ils ont rappelé les étapes précédentes de cette initiative, telles que la visite de terrain au camp de Mberra en juillet 2023 et l’atelier organisé à Nouakchott en juin 2024. Le but de ces précédents événements était d’analyser la situation et d’élaborer une approche qui inclut les acteurs locaux tout en s’appuyant sur des solutions adaptées aux réalités du terrain. L’atelier de Néma a été présenté comme une étape clé dans la consolidation de cette approche participative.
Jour 1 : Un regard sur le passé
La première journée de l’atelier a été consacrée à un regard sur le passé, visant à mieux comprendre l’évolution de la gestion de l’eau dans la région. Les participants ont partagé leurs expériences et mémoires sur le rôle de l’eau dans les relations entre les habitants du Hodh El Chargui, particulièrement dans un contexte historique où les puits étaient gérés selon des règles coutumières définies par les chefs de tribus et les sages.
Les discussions ont révélé qu’autrefois, l’accès à l’eau n’était pas un problème majeur grâce à la faible densité de population et à l’espacement suffisant des puits. Cependant, avec la croissance démographique et l’augmentation du bétail, ces puits traditionnels ne suffisent plus. La gestion de l’eau est devenue plus complexe, ce qui a conduit à la création de nouvelles infrastructures telles que les forages, bien qu’elles nécessitent aujourd’hui une gestion plus rigoureuse pour éviter les conflits.
Jour 2 : Un regard sur le présent
La deuxième journée a permis un diagnostic approfondi des points d’eau existants dans la région, en analysant les défis liés aux différents types de points d’eau utilisés par les communautés et les réfugiés.
- Les puits traditionnels : Les puits traditionnels, bien que nécessaires, posent plusieurs problèmes. Leur construction obsolète, leur utilisation à plusieurs fins et leur répartition géographique non optimisée engendrent des tensions. Il a été suggéré de renforcer leur gestion en intégrant des panneaux solaires pour améliorer leur fonctionnement, et de renforcer leur gouvernance en créant des mécanismes institutionnels adaptés.
- Les forages : Bien que plus modernes, les forages présentent également des défis majeurs, tels que des coûts élevés et une gestion insuffisante après leur installation. Des solutions proposées incluent l’intégration de systèmes hybrides (solaire/thermique) et la mise en place de mécanismes de suivi des ouvrages, ainsi que des formations pour les comités locaux de gestion.
- Les mares : Ces points d’eau, souvent utilisés pour l’élevage, sont mal gérés. Leur potentiel agricole est sous-exploité, et les méthodes anciennes de gestion ne sont plus adaptées. Il a été proposé de clarifier la gestion des mares et de les optimiser pour un usage agricole tout en révisant les règles coutumières liées à leur propriété collective.
Jour 3 : Un regard sur le futur
La troisième journée a été consacrée à une réflexion prospective, où les participants ont imaginé la gestion idéale de l’eau dans la région à l’horizon 2030. Plusieurs actions ont émergé lors de groupes de travail :
- Cartographie des ressources en eau : Un diagnostic plus précis des ressources en eau dans la région est crucial pour planifier des interventions efficaces.
- Réhabilitation des points d’eau : Il est essentiel de réhabiliter les points d’eau existants et de renforcer les infrastructures, notamment en mettant l’accent sur les zones stratégiques à forte demande.
- Inclusion des femmes : Impliquer les femmes dans la gestion des points d’eau, qui sont souvent les principales gestionnaires au niveau familial, est une priorité pour assurer l’accès équitable à cette ressource.
- Renforcement de la gouvernance : La mise en place d’un mécanisme intégré de gestion des ressources en eau et le renforcement des capacités locales ont été des propositions clé.
- Prévention des conflits : Des mécanismes de prévention des conflits liés à l’eau, y compris des sentinelles de gestion des conflits, ont été proposés pour maintenir l’harmonie entre les communautés locales et les réfugiés.
Conclusion
L’atelier a ouvert un dialogue essentiel sur la gestion de l’eau comme levier de paix et de cohésion sociale dans le Hodh El Chargui. Il a permis de poser les bases d’une gestion durable et équitable de cette ressource vitale, avec un accent particulier sur la participation des communautés locales, l’inclusion des femmes, et l’intégration des savoirs traditionnels dans les approches modernes de gestion de l’eau. Les actions proposées visent à renforcer la gouvernance, améliorer l’infrastructure existante et prévenir les conflits liés à l’eau, pour garantir une gestion pacifique et durable des ressources en eau dans cette région stratégique de la Mauritanie.
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